Hémorragie mondiale de viande bovine
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En 2011, pour la quatrième année consécutive, la production mondiale de boeuf a reculé. Si les échanges ont, eux, rebondi de 1 % en 2011, ils restent inférieurs à leur niveau de 2007, avant le déclenchement de la crise économique et financière. Une réalité qui se retrouve au niveau des acteurs du secteur : « Chez les grands leaders mondiaux de la viande (Cargill, JBS, Tyson), qui étaient avant tout opérateurs dans le boeuf en 2007-2008, le boeuf est devenu généralement une activité minoritaire, excepté chez Cargill », informe Philippe Chotteau, de l'Institut de l'élevage. En revanche, le commerce en vif rebondit, surtout à destination du Bassin méditerranéen (Turquie, Liban et pays du Maghreb, Algérie en tête), où la demande augmente. « L'Union européenne est revenue considérablement sur ce marché », note-t-il.
Pour l'essentiel, le secteur de la viande bovine subit toujours de plein fouet l'impact de la décapitalisation des années précédentes. En Europe, le cheptel, issu pour les deux-tiers de vaches laitières, continue à décroître. En revanche, la décapitalisation faramineuse en Argentine semble être stoppée. Il y a encore peu de recapitalisation au Brésil, « un pays qu'on voyait nourrir le monde en protéines animales ». « La croissance est momentanément stoppée, abonde Yves Trégaro, de FranceAgriMer, mais s'ils veulent y aller, les Brésiliens en ont la capacité financière. » En outre, les prix élevés un peu partout dans le monde pourraient réenclencher un cycle global de recapitalisation.
D'autant qu' « a priori, la demande en boeuf pourrait s'accroître plus sur la décennie 2010-2019 que sur la précédente », ajoute Philippe Chotteau. « Néanmoins, on se demande bien où se trouve le potentiel de croissance de la production », poursuit-il, citant la concurrence exacerbée des productions végétales (exemple : soja, maïs ou canne à sucre au Brésil), voire laitières. Ou, encore, les problèmes de rentabilité, notamment dans le naissage, la longueur des cycles de production de la viande bovine, l'existence de risques sanitaires auxquels il est plus difficile de faire face que pour d'autres productions animales, les attaques sociétales souvent ciblées sur le boeuf...
Renaud Fourreaux
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